Dehors il faisait beau et je jouais du piano…
Je n’en n’avais pas envie mais… il le fallait pourtant
Il le fallait pour faire plaisir à mes parents
Enfin… surtout à ma mère dont je faisais mine de n’avoir que faire
J’aimais pourtant bien ça le piano
Mes doigts sur les touches, un chewing-gum dans la bouche
Je jouais, je jouais, et en même temps je rêvais
Tout en étant dedans de me retrouver… dehors
Dehors où se trouvaient mes amis du collège
Qui ne pensaient qu’à aller au café où l’on pouvait trouver
Un flipper, un baby-foot, et puis on pouvait fumer
Des cigarettes interdites qui nous faisaient nous sentir… électriques
Dehors il faisait beau et je jouais du piano…
Et toutes les demi-heures je demandais à ma mère
Si maintenant c’était bon, si je pouvais m’en aller
Et là elle me répondait : « Vois ça avec ton père »
Et quand enfin je parvenais à m’échapper
A me libérer, à partir, à ne plus rester enfermée
Je m’en allais retrouver mes amis au café
Qui jouaient au flipper, au baby-foot, et puis on allait au ciné
Et là, bizarrement, je songeais à mon piano
Qui m’attendait, là-bas, à la maison, dedans
Et dont j’aimais tellement l’aspect laqué de blanc
Qui avait tant fait hésiter mes parents
Je répétais dans ma tête les notes de Satie
De Beethoven, de Mozart et de Chopin
Et je me disais que, en fait, finalement,
Peut-être que j’aurais eu mieux fait de rester… dedans
Encore maintenant lorsque j’entends cette gnossienne de Satie
Je sens mes doigts qui soudain courent sur mes bras
Ils veulent retrouver la sensation des touches, le goût du chewing-gum dans ma bouche
Et souvent je repense à mon piano laqué blanc
Toujours chez mes parents, attendant désespérément
Que je daigne m’en occuper, l’emporter, en jouer
Et arrêter d’être dehors alors que tout ce que je veux en fait, c’est être… dedans